Soins de stomie

La stomie : de quoi s’agit-il ?

Le terme est emprunté au grec « stoma » qui signifie « bouche ». Dans le langage médical, une stomie se définit par l’abouchement d’un viscère à la peau, en dehors de son emplacement naturel. Elle peut être digestive (iléostomie, colostomie, gastrostomie) ou urinaire (urétérostomie, cystostomie, urétrostomie).

Colostomie

Nous allons nous intéresser ici à une des stomies les plus courantes, la colostomie. C’est donc une intervention chirurgicale digestive consistant à raccorder un segment du colon à la paroi abdominale, par une petite ouverture.

Les colostomies peuvent être situées à différents niveaux du côlon :

– La colostomie droite est le plus souvent située dans l’hypochondre droit. Les selles sont plutôt liquides à pâteuses avec un débit entre 500 et 850 ml par 24 heures.
– Les colostomies transverses peuvent être situées, soit dans l’hypochondre droit, soit dans l’hypochondre gauche. Le débit est variable à environ 1000 ml par 24 heures avec des selles plus ou moins liquides ou pâteuses.
– La colostomie gauche est située en fosse iliaque gauche, au tiers proximal d’une ligne virtuelle entre l’ombilic et l’épine iliaque antéro-supérieure gauche. Les selles sont normales à semi-solides avec un débit variable.

Elle peut être réalisée :

– En aval ou en amont d’une lésion
– Pour suppléer à l’alimentation
– Pour décomprimer et drainer le tube digestif en occlusion
– Pour protéger une anastomose digestive en dérivant transitoirement le flux intestinal.

La colostomie sera temporaire ou définitive selon son indication.

colostomie

Un peu d’histoire sur la stomie

Dès la fin du 18ème siècle, un réservoir en métal a été confectionné pour Margareth White, première patiente stomisée. Opérée par le Dr Cheselden, la patiente de 73 ans a survécu plusieurs années avec ce dispositif. Par la suite, les réservoirs sont en toile puis en cuir. Jusqu’au milieu du 20ème siècle, des poches en caoutchouc munies d’une ceinture, avec des réservoirs métalliques, en verre et même en plexiglas sont directement accrochés à la peau par des bagues ou des corsets. 

L’évolution des appareillages de recueil n’est pas encore synonyme de confort pour le patient. Les problèmes d’hygiène, de fuites et d’odeurs persistent. Les systèmes sont volumineux, visibles sous les vêtements et doivent être nettoyés régulièrement. 

Il faudra attendre la Seconde Guerre mondiale pour voir apparaître le premier dispositif de recueil en matière plastique, plus léger et jetable. Des dispositifs similaires sont aujourd’hui toujours utilisés dans les pays les plus pauvres. 

En 1954, l’infirmière Elise SORENSEN, développe pour sa jeune sœur stomisée, une poche non poreuse, mince et élastique qui fût brevetée. Depuis, les gommes servant à coller les systèmes de recueil sur la peau ont évolué afin de préserver l’état cutané, éviter les allergies mais également prévenir les fuites. L’ajout de filtre à la fin du 20ème siècle, permet l’évacuation des gaz et la gestion des odeurs.
Il aura fallu près de 200 ans pour que le matériel permette une qualité de vie pour les patients.

À ce jour, il existe différents types d’appareillages :

– 1 pièce : Le système de recueil et le protecteur cutané adhésif ne forme qu’une seule unité.
– 2 pièces : Le système de recueil et le protecteur cutané adhésif sont deux éléments séparés qui s’emboîtent, ce qui permet de changer la poche sans retirer le support.

Quel que soit l’appareillage, les adhésifs sont modelables, peuvent être découpés et donc ajustés. Ils préviennent les fuites et protègent la peau péristomiale.

Une spécialité pour les infirmiers

L’infirmier est habilité à pratiquer des soins de stomie sur prescription médicale (Art. R4311-7 du CSP). Cependant, dans la mesure du possible, ils seront réalisés par un stomathérapeute. Il s’agit d’un infirmier ayant suivi une formation de 44 jours répartis sur 6 mois, qui alterne théorie et pratique. Un certificat clinique en stomathérapie est alors délivré, attestant des compétences spécifiques pour les soins aux personnes stomisées. 

Au-delà du soin technique et de la maitrise du matériel, sa mission comprend l’information, l’éducation thérapeutique, le soin relationnel mais aussi la formation auprès des autres professionnels de santé. 

Cette formation est accessible sur dossier, aux infirmiers attestant d’au moins 3 ans d’activité professionnelle. 

Au programme : Une approche multiple avec des cours sur l’anatomie, la physiologie, la médecine, la chirurgie mais aussi sur la sociologie, l’épidémiologie ou encore l’anthropologie. S’ajoute à cela, la prise en charge de la douleur et le projet de soins avec les protocoles et techniques de soins spécifiques

À l’IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers), le soin de stomie fera l’objet d’un apprentissage transversal, car l’étudiant infirmier devra faire appel autant aux cours sur l’hygiène et sur les pansements, qu’à ceux sur la psychologie et la gestion de la douleur.

soins stomie

Apprendre et éduquer

Le patient porteur d’une dérivation intestinale temporaire ou définitive vit des changements qui seront intégrés avec plus ou moins de facilité, selon les personnes. Il est important qu’il s’adapte doucement à cette nouvelle vie, notamment lorsque la stomie est définitive.

La période d’adaptation dure en moyenne plus d’une année, et peut être considérée comme un long parcours pendant lequel le patient stomisé redéfinit son état. Dans le cas d’une stomie définitive, il est possible que le patient conserve de sérieuses difficultés surtout liées à une altération de l’image corporelle et à l’activité sexuelle.

C’est là qu’intervient le stomathérapeute, dont le rôle est d’éduquer le patient à devenir autonome et conserver, voire retrouver une qualité de vie optimale. Un suivi précoce dès la phase préopératoire, un soutien à long terme, technique et psychologique favorisent une adaptation de qualité. 

Aider le patient à bien vivre son « handicap » est une tâche complexe. Elle mobilise les compétences d’une équipe de soignants pluridisciplinaire, la maîtrise des techniques chirurgicales pour la confection des stomies ainsi qu’une collaboration étroite entre le chirurgien, l’infirmier et le stomathérapeute. Cette coopération est essentielle dans la prise en soins personnalisée des patients stomisés.

Effectuez une recherche sur le site :