INTUBATION ENDOTRACHÉALE

Avec la crise sanitaire, les services de réanimation ont fait la une des médias. Les soignants comme le grand public ont souvent entendu parler de soins, comme l’intubation, durant cette période. Il est intéressant de revenir sur ce geste. 

L’intubation trachéale est la mise en place dans la trachée, d’une sonde qui reste accessible, au niveau de la bouche ou du nez du patient, selon la voie d’introduction choisie. Cet acte permet d’assurer la perméabilité des voies respiratoires et une ventilation mécanique efficace. 

Qu’elle soit réalisée dans le cadre de la réanimation d’urgence, ou programmée comme en anesthésie, l’intubation trachéale est régie par un certain nombre de règles. 

Historique de l’intubation

L’idée d’introduire un tuyau dans la gorge, afin d’y insuffler de l’air, date de l’Antiquité avec Hippocrate. Au 16ème siècle, la première intubation sur un animal est décrite. Pourtant l’intubation chez l’homme est un geste technique relativement récent. 

En effet, c’est au 18ème siècle que la technique est mise en place en Europe, notamment pour des cas de noyade. 

La technique s’enrichit ensuite avec, par exemple, l’invention du ballonnet gonflable sur le tube trachéal, par le chirurgien allemand, Dr Trendelenburg, en 1869. Ce ballonnet permettant de maintenir la sonde en place.

 Il faudra attendre 1880, pour que soit pratiquée la 1ère intubation orotrachéale, dans le cadre de l’anesthésie. 

Comme beaucoup de soins techniques, l’intubation se développe pendant la 1ère guerre mondiale, notamment chez les patients avec des traumatismes de la face. 

intubation

L’intubation, seulement pour les IADE ? 

Cet acte médical peut également être réalisé par un infirmier spécialisé, l’IADE (infirmier anesthésiste diplômé d’état), sous contrôle exclusif du médecin anesthésiste réanimateur (Art. R4311-12 du CSP).

L’étudiant IADE aborde d’ailleurs les gestes techniques d’anesthésie et de réanimation, lors de l’unité d’enseignement UE 3 du référentiel de formation. 

L’IADE est également seule habilité à effectuer le transport infirmier inter hospitalier des patients stables intubés (Art. R4311-12 du CSP).

Cependant, même si l’IDE ne pratique pas l’intubation, il reste concerné par ce geste. En effet, l’infirmier, comme l’étudiant infirmier, peut être confronté à l’intubation dans tous types de services de soins. Ce n’est pas un acte réservé aux blocs opératoires ou à la réanimation. 

En situation d’urgences, l’IDE doit connaître le matériel nécessaire, souvent disponible dans le chariot d’urgences du service, afin de préparer l’acte. Cela permet de gagner du temps et donc des chances pour le patient. 

De plus, l’intubation n’est pas un geste isolé, il existe des soins associés. L’infirmier pratique sur prescription médicale les soins et la surveillance d’un patient intubé (Art. R4311-7, 22° du CSP).

INTUBATION TRACHÉALE

Et l’extubation ?

Même si l’extubation n’est pas citée dans le décret du 29 juillet 2004 du CSP dans les actes professionnels de l’infirmier, ce geste apparaît dans le référentiel de compétence de l’IDE de réanimation 2011. 

L’infirmier de réanimation doit être « capable d’extuber un patient sur prescription médicale selon la procédure et d’en assurer la surveillance au décours ». (https://www.srlf.org/wp-content/uploads/2015/12/20110419-R%C3%A9f%C3%A9rentiel-IDE-final.pdf)

De plus, la commission « Vie professionnelle » de la SFAR (Société Française d’Anesthésie et de Réanimation) en décembre 2015, note que :

« L’IDE peut extuber un patient en SSPI sous réserve :

  • d’une formation spécifique et tracée ; notion reprise par l’arrêté de la Cour de Cassation du 10 décembre 2014, n°13-21607.
  • après s’être assuré, dès que les critères d’extubation sont présents, de la disponibilité sans délai d’un médecin anesthésiste-réanimateur pouvant intervenir à tout moment pour permettre notamment de ré-intuber le patient. Cette disponibilité est bien sûr sous-tendue par une organisation explicite (protocole de service) et connue de tous. »

Risques de l’intubation

L’intubation est un acte invasif qui n’est pas sans risque pour le patient. Lors du geste lui-même, avec des lésions dentaires ou des plaies des muqueuses. 

Pour l’intubation nasotrachéale, par exemple, l’épistaxis peut gêner la vue laryngoscopique et compliquer le geste.  Cette voie est aujourd’hui pratiquée pour les interventions chirurgicales de la face, ou lors d’une absence d’ouverture de bouche. L’intubation orotrachéale reste la voie d’introduction la plus utilisée. 

Au bloc opératoire, l’intubation trachéale n’a généralement pas vocation à rester en place. L’extubation se déroule en salle d’intervention ou en SSPI (salle de surveillance post interventionnelle).  Même à court terme, le patient peut présenter une dyspnée, une dysphonie ou une dysphagie. Dans le cas du maintien de l’intubation plusieurs jours, d’autres risques peuvent survenir. Notamment, des lésions des cordes vocales ou une sténose sous-glottique. 

Ce dispositif n’est pas destiné à rester en place à long terme. D’autres techniques permettent l’intubation directe de la trachée, sans passer par l’orifice glottique, comme la trachéotomie, utilisée entre autres lors d’indications prolongées. 

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