AIGUILLE DE HUBER : pose et retrait

La pose d’une aiguille de Huber® ou d’un Gripper® permet un accès vasculaire central. Pour cela le patient doit être porteur d’un système implantable sous cutané, permettant cet abord. Destiné à préserver le capital veineux, il est posé dans le cadre de pathologies et soins au long cours comme les chimiothérapies. Au-delà du geste technique, il est donc essentiel de réaliser l’importance de la partie relationnelle de ce soin.

L’ABORD VASCULAIRE : CCI/PAC/CIP

Il s’agit d’une chambre implantée sous la peau, c’est-à-dire un réservoir qui possède une membrane en silicone appelée septum. 

Ce site ou chambre est relié à un cathéter souple, radio opaque inséré dans une veine, généralement jugulaire ou sous-clavière. 

L’extrémité  distale du cathéter est positionnée au niveau de la veine cave supérieure à la jonction avec l’oreillette droite

La pose du dispositif se déroule sous anesthésie générale ou locale. 

Il peut être utilisé immédiatement après une première injection (acte médical : Art. R4311-7 du CSP, alinéa 5) lors de la pose. Un contrôle radiologique pour vérifier le positionnement est nécessaire. 

Les dénominations :

CCI : Cathéter à Chambre Implantable.

PAC : Porth-A-cath. (Abréviation la plus utilisée chez les professionnels de santé)

CIP : Chambre Implantable pour Perfusion.

Indications :

Ce dispositif est essentiellement utilisé pour : 

  • L’injection ou perfusion de traitements irritants pour les veines 
  • L’injection ou perfusion de médicaments au long cours (> 3 mois)
  • L’alimentation parentérale de longue durée

Il permet également les prélèvements sanguins répétés ainsi que les transfusions sanguines. 

L’administration de chimiothérapie est l’indication la plus fréquente. 

L’aiguille de Huber

La ponction de la CCI doit impérativement se faire avec une aiguille de Huber. 

Cette aiguille  possède deux particularités :

  • L’extrémité est coupée de façon oblique, biseautée. 
  • L’extrémité n’est pas droite, elle est un peu courbée, tangentielle. 

L’aiguille de Huber est donc une aiguille avec un biseau tangentiel. 

Mais quel est l’intérêt ? 

  • Biseautée pour ne pas endommager le septum et provoquer un manque d’étanchéité du système. Le biseau permet des ponctions répétées sans altérer le dispositif.
  • Tangentielle afin d’éviter un effet de prélèvement ou « carottage ».

Le choix du diamètre de l’aiguille doit se faire selon le type de perfusion. Un petit calibre (22G) est conseillé lors d’injection, de perfusion, d’héparinisation ou de rinçage.  (Lettre Circulaire DHEM du 28 Octobre 1996) 

Si un diamètre de 19G est nécessaire pour les produits plus visqueux, comme l’alimentation parentérale ou les transfusions sanguines, il est préférable de retirer l’aiguille après le soin. (SF2H Mars 2012, R35)

La longueur de l’aiguille dépend de l’épaisseur du septum et de la corpulence du patient. (Lettre Circulaire DHEM du 28 Octobre 1996)

Il existe deux types d’aiguilles de Huber :

Type I : droite ou courbe, sans prolongateur, en place 1 jour maximum. Pour les injections à haut débit en radiologie par exemple ou en l’absence d’une aiguille de type 2 compatible (SF2H Mars 2012, R36)

Type 2 : courbe, avec prolongateur, présence d’un clamp, avec ou sans site d’injection latéral, en place de 5 à 7 jours maximum. L’aiguille de type 2 avec système de sécurité intégré (Gripper®) est fortement conseillée. (SF2H Mars 2012, R34 et R36)

L’utilisation adaptée de l’aiguille de Huber et le respect des bonnes pratiques permettent de garantir le nombre maximal de ponctions de la chambre défini par le fabricant (entre 1500 et 2000). 

Plus qu’un geste technique !

On sait que la surveillance des perfusions et injections relèvent du rôle propre de l’exercice Infirmier. (R4311-5 du CSP).

La pose et le retrait de l’aiguille de Huber ainsi que la surveillance du site relèvent, eux, du rôle prescrit de l’infirmier. (R4311-7 du CSP) :

  • « La surveillance […] de montages d’accès vasculaires implantables mis en place par un médecin » (alinéa 4) 
  • « L’injection et perfusion, à l’exclusion de la première, dans […] ces montages » (alinéa 5) 

Ce soin demande à l’infirmier ou à l’étudiant infirmier de nombreuses connaissances, anatomiques pour comprendre le dispositif et techniques pour le choix du matériel. Il devra être vigilant aux bonnes pratiques dans la réalisation du geste afin de prévenir tout risque. 

Ces risques sont nombreux et peuvent avoir de lourdes conséquences. La lutte contre le risque infectieux lié au CCI a d’ailleurs fait l’objet d’un travail du Cclin Sud-ouest en 2001. D’autres risques sont également à prendre en compte, notamment, la douleur induite, la thrombose veineuse, l’obstruction du cathéter, l’embolie gazeuse, et le risque d’extravasation. 

Cet acte est également à l’origine d’un fort risque d’AES (Accident d’Exposition au Sang). Néanmoins, à ce jour, le septum des CCI provoque moins d’effet rebond et les systèmes de Gripper® sont sécurisés. 

Au-delà, de ces connaissances théoriques et compétences pratiques nécessaires, il s’agit d’un soin pouvant être à forte charge émotionnelle pour le patient. Ce geste a vocation à être répété au fil des mois de traitement, notamment en cas d’indication oncologique. Il est donc primordial pour le soignant d’aborder ce soin avec une vision globale.

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